Dompter son égo

24 Avr Dompter son égo

Que vous ayez une approche psychologique avec Frédérique Lenoir qui vulgarise le processus d’individuation dans ‘Jung, un voyage vers soi’, ou spirituelle avec Erkart Tolle et son livre ‘Nouvelle Terre’ le sujet de l’égo est vaste. Est-ce que vous connaissez la définition de l’égo ? Son mécanisme ? En quoi c’est utile ? Comment faire pour le dompter ? J’ai essayé de faire un super condensé de ces quelques lectures pour mettre de la lumière sur toute cette ombre…  

L’égo, aussi appelé notre ‘ombre’ par Jung, est une facette de notre personnalité qui nous pousse à agir davantage avec la tête qu’avec le cœur.

Il est la manifestation de notre insécurité profonde et s’exprime différemment en fonction de chacun : soit par les voix du jugement, du cynisme et des peurs, ou par des actes ou attitudes inconscient(e)s malveillant(e)s vis-à-vis de soi-même (auto-sabotage) ou des autres.

Des exemples typiques que nous sommes dans l’égo :

L’égo peut se déceler à travers nos attitudes comme le besoin de se distinguer, d’être spécial, d’avoir le contrôle de l’attention, le besoin de pouvoir, le besoin de plus, le besoin d’avoir des ennemis… C’est aussi étroitement lié à notre besoin de contrôler, vouloir avoir raison à tout prix, faire l’autre se sentir coupable, jouer la victime.

La critique est le propre de l’égo. Pendant un instant, on peut se sentir inconsciemment supérieur à l’autre quand on critique, et l’égo, se nourrit de ces aspects sombres qui irritent la vie et éloignent le bonheur.

Pourquoi en effet vouloir faire valoir si fort certaines idées ou croyances, si je ressens tout ce que ‘je vaux’ au fond de moi… ? Est-il plus important pour moi d’avoir raison ou d’être en paix ? Est-ce que je préfère être ou paraître ? Car si je suis ‘poussée’ à démontrer que je suis quelqu’un, il se pourrait bien que cela soit lié à de vieille blessure de rejet et ou d’abandon dans mon histoire que l’égo utilise comme terreau.

L’égo fait aussi en sorte que la personne a besoin qu’on s’intéresse à elle, à son histoire, à ses problèmes. Il se nourrit de cela car il est rusé (mais pas intelligent… car le rusé divise et l’intelligent rassemble). Il génère du désordre, de la confusion, des difficultés, des affronts, pour exister…

Par ailleurs, L’égo a tendance à assimiler l’avoir à l’être : j’ai, donc je suis. … Plus j’ai, plus je suis.

A faire : Observez le rapport que vous entretenez avec le monde des objets par exemple. Le marketing l’a compris depuis longtemps d’ailleurs : notre égo aime que nous nous identifiions aux objets.  Moins on s’identifie à ce que l’on a, moins l’égo sera fort.  

Le cercle vicieux des pensées et des émotions :

L’émotion sous-jacente de l’égo est la PEUR.  Il faut savoir qu’il y a toujours un sentiment d’insécurité autour de l’égo, même s’il a l’air très sûr de lui de l’extérieur.

L’égo possède 2 dimensions : la pensée et l’émotion.

Les 2 sont intimement liés. L’émotion est la réaction de notre corps à notre mental, c’est-à-dire que ce que nous nous disons va provoquer une réaction émotionnelle et des signes somatiques. Par exemple, si nous pensons ‘Je suis nulle’ et que nous devons faire une présentation en public, nous allons commencer à ressentir de la peur. Pour le corps, la peur signifie : je suis en danger. Le cœur bat plus vite. Les muscles se tendent, la respiration s’accélère.

C’est le cercle vicieux des pensées et des émotions : notre petite voix de l’égo nous raconte une histoire à laquelle notre corps croit et réagit. Ces réactions sont les émotions. A leur tour, les émotions alimentent en énergie les pensées qui ont en premier lieu engendré l’émotion. C’est ainsi que l’on peut cultiver nos sentiments de peur.

Pour transformer ce cercle vicieux en cercle vertueux, il faut commencer par identifier vos petites voix de l’égo (souvent sous forme de jugement, de cynisme où de peur) et l’émotion que cela provoque en vous (de la peur, de la colère, de la tristesse). Une fois votre émotion reconnue, acceptez-la.

Car les émotions ne sont pas ce que vous êtes. Quand vous ressentez de la colère par exemple, ne faites pas l’erreur de penser que quelque chose ne va pas chez vous. L’égo adore que vous fassiez de vous un problème.

1- Reconnaître les voix de l’égo (jugement, cynisme, peur).

2- Reconnaitre qu’on a de la colère (ou autre) en soi.

3- L’accepter. Ce qui aide énormément à l’acceptation de notre émotion est d’identifier l’origine de l’émotion : qu’est-ce qui fait que vous vous êtes mis en colère ? Et d’identifier quels sont les besoins non nourris chez vous qui ont provoqué cette colère ? Cela permet de s’ouvrir à la satisfaction de vos besoins et de retrouver votre paix intérieure.

Agir à contre-courant de sa réaction habituelle permet de faire face au comportement que nous avons tendance à éviter, par exemple en nous confrontant à une situation, nous augmentons ainsi notre confiance en soi et nous changeons.

Quelle est l’utilité de l’égo ?

Il faut de l’obscurité pour voir la lumière… Si le fond est déjà lumineux, on ne peut pas voir la lumière par-dessus, il nous faut un fond noir.

Nous avons besoin d’expérimenter la peur pour vivre l’amour. L’un permet de faire avancer l’autre.

La peur est développée par nos expériences difficiles, par nos croyances, nos souffrances et l’amour génère la confiance et nous apporte la capacité de vivre et d’exprimer qui nous sommes dans notre entièreté.

Si nous refusons cette dualité en nous, nous entrons en résistance avec nous-même, et cette résistance est un durcissement de la carapace de l’égo. Nous nous fermons. Dans ce cas, l’univers ne sera pas de notre côté : si les volets sont clos, la lumière ne peut pas entrer.

Ainsi, accepter notre dualité devient une vraie force lorsque nous comprenons que l’un permet de faire avancer l’autre et que la vie nous procure exactement l’expérience dont nous avons besoin pour que votre conscience évolue. La peur et l’amour deviennent alors comme des balises pour soutenir la confiance dans nos actions et décisions.

Comment dompter son ombre ?

Pour arriver à dompter notre égo, la première chose que je vous invite à faire est d’identifier vos défauts ou vos tendances inavouables. Ceux que l’on voit facilement chez les autres mais que l’on refuse de reconnaitre chez soi : l’égoïsme, l’avarice, la paresse, la lâcheté, l’indifférence, le manque de compassion, la tendance à être esclave des biens matériels, à être dans le déni, mentir.

Un bon indicateur est lorsque quelqu’un vous fait un reproche et que cela suscite un sentiment de colère chez vous. En effet, pour Jung, la question de l’ombre est intimement liée à la projection [1]. En d’autres termes, nous prêtons aux autres des traits de caractère et des attitudes que nous avons sans les remarquer.

Vivre dans l’instant présent

La vie est indissociable du moment présent. La vie, c’est toujours maintenant. Tout se passe dans le présent.

En éliminant du temps dans votre vie, vous éliminerez l’égo. Eliminer du temps veut dire éliminer du temps de préoccupation incessante du mental par rapport au passé et au futur.

Vous l’aurez compris : l’égo a besoin du passé et du futur pour exister, et le bonheur se vit uniquement au présent.

Un petit truc pour s’exercer à la pleine présence : prendre conscience de votre respiration aussi souvent que vous le pouvez par exemple, quand vous montez un escalier, quand vous faites des courses… Remarquez la sensation créée par la respiration. Sentez l’air entrer et sortir dans votre corps. Remarquez l’expansion de la poitrine et de l’abdomen.

En effet, quand vous prenez conscience de votre respiration, l’attention se détache de vos pensées, ménageant ainsi de l’espace dans votre vie… et vous êtes automatiquement ramené dans l’instant présent. La respiration consciente arrête les pensées.

Vivre plus consciemment :

Vivre consciemment, c’est commencer doucement à reconnaître comment mon égo agit et réagit, et s’exprime, et ainsi protéger sa vitalité et son énergie, en faisant descendre son niveau de stress et d’émotions. Si je peux reconnaître cela en moi, (et chez l’autre), je peux me libérer davantage et lâcher prise plus facilement. 

La petite voix dans la tête qui sème peurs, doutes, confrontations, jugements, inconforts, peut être remplacée par une voix qui rassure et qui provient de son propre et réel pouvoir intérieur qui lui, n’a rien à prouver à qui que ce soit. Prendre de plus en plus plaisir à se transformer intérieurement en observant doucement ce qui est ouvre l’accès à une joie, à une sérénité, à la présence en soi et à une paix intérieure durables… Car la paix intérieure signifie la fin de l’égo.

Bon cheminement, 

Delphine

[1] Projection : ce phénomène par lequel un individu imprime sur un objet ou un être un contenu psychique qui est un trait de sa vie intérieure.